Nous avons rencontré 2 AVS (Auxiliaires de Vie Scolaire), affectées à l’accompagnement de 4 enfants en situation de handicap dans les écoles de Colomiers, pour mieux connaître leur métier et ses enjeux.
Quelles sont vos missions, votre rôle par rapport à l’élève, à l’enseignant, à la famille ?
Notre mission est d’accompagner un enfant en situation de handicap, identifié par la Maison Départementale des Personnes Handicapées. Suite à l’étude du dossier soumis par les familles, cette administration préconise un nombre d’heures d’accompagnement : entre 6h et 18h hebdomadaires. Les élèves bénéficiant d’un PPS (projet personnel de scolarité) sont aussi éligibles à cet accompagnement. Les « handicaps » peuvent être des troubles de l’apprentissage (ex : dyslexie, dysorthographie), de l’attention (ex : hyperactivité), ou fonctionnels (ex : déplacement en fauteuil roulant).
Les enfants peuvent avoir entre 3 et 20 ans, et être élèves de maternelle, comme de BTS… Il est arrivé à des collègues de « passer » le baccalauréat avec l’élève qu’elles accompagnent !
– Nous ne devons pas nous substituer à l’enseignant : il est le responsable de toute la classe, enfant suivi y compris. L’AVS est plutôt une collègue, accueillie par l’équipe éducative de manière informelle, même si cette démarche est obligatoire dans les textes. En pratique, l’école bourdonne d’intervenants « extérieurs », et il n’est pas toujours facile de prendre le temps de rencontrer chacun ! Un rapport de confiance s’établit avec l’enseignant. Il peut être enthousiasmé de la présence d’un adulte/relais, mais aussi réfractaire s’il craint des interventions intempestives. Il faut donc savoir garder le silence, et sa place : celle d’accompagnant de l’élève.
– Les classes sont souvent soulagées à notre arrivée, car elle dénoue des tensions qui s’accumulent autour d’un enfant qui a besoin d’aide, et dont les attentes sont supportées par le collectif avant notre nomination.
– L’interlocuteur des familles des élèves de la classe est l’enseignant. En théorie, nous n’avons donc aucun contact avec les familles : les enfants suivis sont en « inclusion scolaire ». De même, les dossiers médicaux ne nous sont pas transmis : ils sont confidentiels. Cela permet d’avoir un abord « neutre » de l’enfant, sans s’alourdir de préjugés ; mais cela ne facilite pas toujours la prise en charge, car nous devons découvrir et apprivoiser la difficulté/handicap/déficience « sur le terrain ». Il faut être souple et à l’écoute !
Pouvez-vous nous donner des exemples de tâches ou interventions au quotidien ?
Nous pouvons être amenées à reformuler des consignes (avec discrétion !), quand l’élève fatigue et perd sa concentration. Nous pouvons assurer la prise de notes pour privilégier pour l’élève l’écoute et la participation orale. Nous le ramenons verbalement vers le travail et la classe quand il est distrait, pour le reconnecter avec l’apprentissage. Nous l’aidons dans l’organisation des outils de travail : ranger les fiches dans les classeurs, prévoir les cahiers dans son cartable… Nous vérifions la notation des devoirs.
Mais nous devons veiller à ne pas nous substituer à l’élève, faire à sa place, faire « mieux ». Il reste un élève qui apprend à son rythme, et nous ne sommes pas des « précepteurs ».
Quelles sont, selon vous, les compétences et les qualités requises pour exercer ce métier ?
Il vaut mieux être patient, avoir de grandes capacités d’adaptation, avoir du bon sens. On a déjà parlé de la discrétion et de l’écoute. Et une empathie naturelle favorise la création du lien avec l’élève. Au niveau des compétences, le recrutement se fait avec un niveau bac, mais au quotidien, aucune connaissance appliquée n’est requise.
Avez-vous un avis sur l’évolution du métier ?
Le statut des AVS est précaire : ce métier était en voie de professionnalisation en 2005, mais les réductions budgétaires nationales ont stoppé net cette évolution. Nos contrats sont des CUI, des contrats aidés d’un an renouvelables seulement une fois. Au mieux, certaines AVS deviennent des AESH (Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap), dépendant du rectorat.
L’enveloppe horaire est réduite, elle correspond à un mi-temps : il est donc difficile d’en vivre. En même temps, il faut pouvoir rester disponible toute la semaine sur le créneau 8h30-17h, car notre emploi du temps peut changer en cours d’année.
Nous avons des formations : 30h sur la prise en charge, avec des options spécifiques selon le profil des enfants ; et 30h sur la reconversion, puisque notre contrat est limité.
Le rectorat et les AVS déplorent cette situation. L’administration comme les équipes connaissent les besoins : ils ne cessent de croître au fur et à mesure que la connaissance médicale et psychologique des troubles s’affine. De plus en plus d’enfants auraient besoin d’aide, et hélas, les moyens mis en oeuvre ne sont pas à la hauteur.
Ce métier peut devenir une vocation, et il est dommage que l’expérience acquise par certaines AVS ne soit pas mieux exploitée ; on pourrait imaginer un tutorat entre les « anciennes » et les nouvelles.
On aimerait aussi parfois pouvoir suivre sur toute sa scolarité un enfant qu’on a appris à connaître à force de temps, plutôt que de le savoir repartir de 0 avec une autre AVS tous les 2 ans… Certains enfants mettent beaucoup de temps à s’ouvrir et faire confiance. Notre rôle est primordial pour leur permettre un quotidien à l’école apaisé et efficace… L’école est obligatoire pour tous, mais tous les élèves ne sont pas égaux dans les apprentissages !
Merci à nos interlocutrices pour leur collaboration et leur confiance. Nous leur souhaitons une bonne continuation auprès des enfants qu’elles accompagnent avec enthousiasme…
L.V.
Lien MDPH-31 : http://www.mdph31.fr/
Lien collectif AVS 31 : https://avsencolere.wordpress.com/